- À Québec, la vie s’organise autour de la haute et la basse-ville.
- Où s’est-il installé, sur la rive-sud?
À Québec, la vie s’organise autour de la haute et la basse-ville.
En haute ville : les Ursulines sont là depuis une trentaine d’années, pour instruire les jeunes filles ; les Jésuites, les Récollets qui sont en mission pour évangéliser ; le séminaire, fondé en 1663 ; le palais ; l’église ; le fort Saint-Louis ; les grandes terres fertiles sur le plateau le long de la Grande Allée. Le 4 février 1667 eut lieu le premier bal en Nouvelle-France, chez le sieur Chartier ; ce qui créa une commotion chez les biens pensants. Les Jésuites commentent ainsi : « Dieu veuille que cela ne tire point à conséquence. »
En basse-ville, il y a plus d’activités marchandes. En 1665, on évalue le nombre de résidents à environ 150 ; 15 ans plus tard, ils seront 300. Tout tourne autour des quais et de l’habitation de Champlain, qui a été convertie en magasin du Roy. L’espace situé devant le magasin a été comblé et devient une place publique. C’est là que se tient le marché. La plupart des bâtiments déjà construits logent au rez-de-chaussée une boutique ou un magasin.[1]
À cette époque, presque tous les habitants de la Coste de Lauson avaient un canot ou une embarcation pour traverser vers Québec ou même aller visiter leurs voisins, car il y avait peu de routes ; en hiver, lorsque le fleuve était gelé, on traversait sur le pont de glace. On peut présumer que Jacques et Gabriel pouvaient se voir de temps en temps, l’un du côté de Québec et l’autre sur la rive sud.
Peut-être ont-ils assisté à la pendaison de Jean Noury ! Arrivée au milieu des années 1600, on le retrouve en 1664 dans la seigneurie de Beaupré. Il est le voisin de Nicolas Roy et Jeanne Lelièvre. En aout 1669, il sera reconnu coupable du viol de Marie Jeanne Roy, leur fille âgée de 4 ans et demi. Il sera pendu, décapité et trainé sur la voie publique ; sa tête sera exposée sur un poteau pour servir d’exemple !
La population de la Nouvelle-France continue de s’accroitre ; Jacques devait certainement assister à l’arrivée des navires et observer ce qui s’y passait. Voici une description de Marie de l’Incarnation en octobre 1669.
Un peu auparavant il était arrivé un vaisseau rochelais chargé d’hommes et de filles, et de familles formées. C’est une chose prodigieuse de voir l’augmentation des peuplades qui se font en ce pays. Les vaisseaux ne sont pas plutôt arrivés que les jeunes hommes y vont chercher des femmes, et dans le grand nombre des uns et des autres on les marie par trentaines. Les plus avisés commencent à faire une habitation un an devant que de se marier, parce que ceux qui ont une habitation trouvent un meilleur parti ; c’est la première chose dont les filles s’informent, et elles font sagement, parce que ceux qui ne sont point établis souffrent beaucoup avant que d’être à leur aise.[2]
Où s’est-il installé, sur la rive-sud?
Son contrat d’engagé se termine après trois ans. On rapporte que Jacques se serait installé à Lauzon, à côté de son frère Gabriel.[3] Il s’est probablement installé sur la terre que Gabriel loue de François Becquet depuis novembre 1668.
En homme avisé, il commence à préparer son avenir !
En mai 1670, il fait un marché avec le sieur Louis Lefèvre de Battanville, un influent marchand de Québec. Il s’engage à lui fournir, moyennant argent, tous les poissons, qu’il pêchera cet été-là sauf ceux pour sa nourriture. Les prix sont fixés comme suit : le saumon frais gros 15 sols pièce, l’esturgeon, le bar, l’alose 2 sols 6 deniers la pièce. Ce qui lui permettait probablement de faire plus d’argent que comme engagé !
Salaire annuel d’un simple défricheur : 60-75 livres
12 deniers = 1 sol ; 20 sols = 1 livre
Donc 1 saumon et 10 poissons par semaine = 100 livres par an !
Quelques mois plus tard, le 25 aout 1670, devant le notaire Romain Becquet, il passe un contrat pour l’achat d’une habitation et une terre de 3 arpents de large par 40 de profondeur, appartenant à Étienne Landron, bourgeois, pâtissier et cuisinier à Québec. Elle est bornée de chaque côté par les terres de Nicolas Droissy et Michel du Buisson, dit Saint-Côme, à un bout par le grand fleuve Saint Laurent. Le prix est fixé à 300 livres, payables en 100 cordes de bois, livrables durant les trois prochaines années.
Le même jour, il contracte avec Etienne Landron une obligation de 750 livres « pour la vente et la livraison de tout le grain qui est présentement pendant par la racine sur l’habitation du dit Sr Landron, à Lauzon et pour l’argent prêté et autre chose… »[4] Il remboursera cette dette en lui fournissant 300 cordes de bois francs. Avec le bois de l’achat de la maison, cela représente 40 cordes de bois livrées chaque année pendant 10 ans !
Où est cette terre achetée de Landron ? Elle est difficile à situer pour les historiens, certains pensent que ce pourrait être celle près de l’actuelle rue Saint-Omer. Cependant, cette terre a toujours eu une largeur de 2 1/2 arpents dans les documents historiques, alors que celle achetée par Jacques en a 3 ! De plus, Léon Roy indique que la terre de 2 1/2 arpents n’était pas habitée en 1667 ni 1681[5]… Finalement, au recensement de 1681, on retrouve Jacques et Gabriel sur des terres situées plus à l’est de Lauzon.

Vous pouvez mieux voir les détails sur la Carte des environs de Québec en la Nouvelle-France en 1685-1686 par le Sieur Devilleneuve; en La Coste de Lauson, le numéro 12 est la mazure à Jacque Sanson et le numéro 26 l’a (habitation) a Jacque Sanson. On ne mentionne pas Gabriel, qui vivait probablement dans une des maisons sur la terre des Albert (numéro 5, voisin de Jacques -12), terre qu’il a acheté en 1686.
Donc, il semble plus probable que Jacques se soit installé sur une terre située aux environs de l’actuelle côte Guilmour.
Pour les personnes plus curieuses , j’ai mis un résumé de mes recherches sur les terres occupées par Jacques et sa famille ici! Pour simplifier les choses, la terre de Bienville porte le numéro 18 et celle à l’est de Lauzon, le numéro 7 selon Léon Roy[6]. J’utiliserai parfois ces numéros.
Le plus important, c’est qu’il est prêt à fonder une famille. Et si Marie de l’Incarnation disait que les colons qui avaient une habitation trouvaient meilleur parti, notre Jacques devrait attirer les regards !
[1] (Commission des biens culturels du Québec, 2007)
[2] (Marie de l’Incarnation, 1876, p. 435)
[3] (Samson M. , Album souvenir fête du tricentenaire Bienville, 1967, p. 17)
[4] (Samson M. , Album souvenir fête du tricentenaire Bienville, 1967, p. 17)
[5] (Roy L. , 1984, p. 404)
[6] (Roy L. , 1984)
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