Marie-Anne, le mariage… les premiers enfants 1671-1675

  1. Marie-Anne Métru, fille du Roy
  2. Le mariage
  3. Un premier fils…
  4. … et une pendaison !
  5. Une première fille
  6. Encore plus de pêche
  7. La construction de l’église

Marie-Anne Métru, fille du Roy

Marie-Anne était la fille de Claude Métru, agent de l’archevêque de Paris et de Jeanne Crissot. 

Orpheline de père, Marie-Anne quitte la France à l’été 1671. Elle aurait voyagé sur le Saint-Jean-Baptiste, le même bateau qui aurait amené Jacques six ans auparavant ! Le navire a quitté Dieppe vers la fin de juin et est arrivé à Québec au mois d’aout, une traversée rapide de moins de deux mois. Elle n’était pas seule sur le navire !

Un passager François DESCHAMPS sieur de La Bouteillerie s’est embarqué sur le Saint-Jean-Baptiste de Bordeaux avec deux charpentiers, deux maçons, quatre manœuvres pour défricher des terres jusqu’à concurrence de 1000 arpents. Le navire portait aussi cent hommes, cent vingt filles, cinquante moutons et brebis, dix ânes et ânesses, draperies et couvertures et beaucoup d’autres choses pour usage de l’homme.[1]

On a répertorié 104 Filles du Roy à bord. Celles-ci étaient toujours confiées « à une femme, de France ou de la colonie, bien recommandée et capable de maintenir ses protégées sous une discipline rigoureuse. »[2] C’est Élisabeth Estienne qui aurait escorté ce groupe.

En tant que Fille du Roy, Marie-Anne apporte des biens estimés à 400 livres et un don du roi de 100 livres[3]. Les Filles du Roy arrivaient avec peu de bagages, mais le roi, en plus de défrayer les couts de la traversée, leur procurait quelque bien-être matériel :

Les hardes devaient comprendre, outre les habits, les articles suivants : 1 cassette, 1 coiffe, 1 mouchoir de taffetas, 1 ruban à souliers, 100 aiguilles, 1 peigne, 1 fil blanc, 1 paire de bas, 1 paire de gants, 1 paire de ciseaux, 2 couteaux, 1 millier d’épingles, 1 bonnet, 4 lacets et 2 livres en argent.[4]

À leur arrivée, elles sont logées et nourries jusqu’à leur mariage. À Québec, on les loge dans un bâtiment, érigé par Talon, avant qu’elles ne se dispersent majoritairement dans la région de Québec, sinon vers Montréal ou Trois-Rivières.

Quand a-t-elle rencontré Jacques, quand ont-ils décidé de se marier ? Trois mois après son arrivée, on scellait le tout devant le notaire.

Le mariage

Le 13 novembre 1671, dans la maison de François Bissot, ils signent devant le notaire Romain Becquet leur contrat de mariage. Ils mettent en commun tous biens meubles acquêts et conquêts du jour de leurs épousailles à l’avenir selon la coutume de Paris.


Elle apporte sa dot de 400 livres, mais en garde 200, ainsi que les 100 livres du Roy en « nature propre à elle et aux siens de son côté et ligne. »

Le tout en présence de Guillaume Couture et François Bissot, propriétaire du moulin, les deux plus importants citoyens de la Coste de Lauzon, de Nicolas Métru (dont personne ne sait s’il est parent !) et bien d’autres qui ont eu le plaisir de signer comme témoins. Seul Jacques a indiqué ne pas savoir signer.

Il n’y a pas d’église ou de paroisse formelle à cette époque à Lauzon, car même s’il y a plus de 10 maisons, les gens sont trop pauvres pour bâtir une église et subvenir aux besoins de celle-ci. Les habitants relevaient de la paroisse de Québec. L’abbé Thomas Morel, prêtre du séminaire, agit comme missionnaire en titre de la cote de Lauzon.[5]

Par permission spéciale, le 26 novembre 1671, le père Morel a béni trois mariages à la pointe de Lévy, dont celui de Jacques et Marie-Anne.

Mariage de Jacques Samson, fils de Toussaint Samson. Témoins : Gabriel Samson, Michel Buisson de Saint-Cosme, Simon Rochon. Mariage de Laurent Poiré, habitant de Lauzon. Témoins : Guillaume Couture, Étienne Charest, Buisson de Saint-Cosme. Mariage de Gabriel Lemieux, veuf de Marguerite Lebeuf, habitant de Lauzon. Témoins : Guillaume Couture, Étienne Charest, Gabriel Samson, Simon Rochon.[6]

Jacques a 24 ans, Marie-Anne 15. Il était très fréquent que les filles se marient jeunes. Gabriel, 28 ans, marié il y a maintenant deux ans, assistait au mariage de son frère, probablement avec Françoise son épouse, âgée de 14 ans (donc plus jeune que Marie-Anne) … et leur premier fils Pierre âgé de 9 mois !

Le vingt-sixième jour de novembre de l’année mil six cents soixante et onze après les fiançailles et la publication d’un ban de mariage d’entre Jacques Sanson habitant de la Coste de Lauzon, fils de deffuns Toussaint Sanson et de Catherine Chevalier les pères et mères de la paroisse de St Gratien Évêché de Lisieux d’une part et Marie Anne Métru fille de Claude Metru et de Jeanne Crissot les père et mère de la paroisse de Ste Maxime de la ville de Paris d’autre pars Monsieur de Bernières grand vicaire de Monseigneur L’Évesque de ??? les ayant dispensé du second et troisième ban et ne l’ayant trouvé aucun empêchement, je Thomas Morel prêtre missionnaire du séminaire de Québec les ay avec permission solennellement mariés et leur ay donné la bénédiction nuptiale selon la forme permise par la Ste église en présence de témoins connus Gabriel Sanson, Michel Bisson dit St Come et Simon Rochon.

Ils se sont probablement installés sur la terre à l’est de Lauzon, ou peut-être temporairement sur la terre de Gabriel, le temps de finir l’installation sur sa terre.

Quarante cordes de bois par année, la pêche pour Battanville, la terre à faire prospérer, tout cela n’empêche pas la famille.

1672, toujours pas d’église, mais un cimetière. Jean-Baptiste Hallé, dont le corps avait été retrouvé dans les bois, est la première personne à y être enterré le 19 mars 1672. Au début 1673, le cimetière portera le nom de Cimetière de l’église de Saint-Joseph-de-la-Pointe-de-Lévy. Il est situé près du terrain, donné par François Bissot, où sera érigée la future église.

Un premier fils…

Moins d’un an après leur mariage nait le petit Jean ou Jacques, le 3 octobre 1672. Il est baptisé le 4 par Thomas Morel ; le parrain est Jean Bisson et la marraine, Élisabeth DeChavigny, l’épouse d’Étienne Landron, de qui il a acheté la terre !

… et une pendaison !

Frontenac est arrivé à Québec à l’automne 1672 et est assermenté comme gouverneur général le 23 octobre, avec tous les pouvoirs sur les affaires militaires. Comme l’intendant Talon est parti et qu’on n’a pas nommé de remplaçant, par défaut, Frontenac s’arroge aussi les pouvoirs liés à la justice, les finances et à l’administration en général. Dès ses débuts, il est perçu comme très autoritaire. Il développe un intérêt pour la traite des fourrures, au grand déplaisir des traitants et habitants.

Le 5 juin 1673, une ordonnance du gouverneur Frontenac interdit à quiconque de quitter sa maison plus de 24 heures pour « aller vaquer dans les bois » sans la permission des autorités. L’objectif était de bannir les coureurs des bois, dont le mode de vie allait à l’encontre de l’agriculture et du peuplement de la colonie. Ceux qui désiraient faire la traite des fourrures devaient être munis d’un permis. C’est dans ce contexte que, le 23 juin 1674, Jean Thomas dit Le Breton est pendu à la place du marché de la Basse-Ville de Québec pour avoir contrevenu à l’ordonnance du gouverneur.[7]  

Je ne sais pas si Jacques a assisté à cette pendaison, mais je suis persuadé que la décision de Frontenac devait alimenter les conversations autour de la cheminée le soir !

Une première fille

Le 16 janvier 1674 arrive une première fille, Marie-Suzanne, baptisée le 18 à la Côte de Lauzon par Thomas Morel. Gabriel est le parrain et la marraine Suzanne de Lisseras, l’épouse de Michel Bisson dit Saint-Côme qui avait été témoin au mariage

Encore plus de pêche

Il a de grandes ambitions et de l’énergie à revendre.

À l’été 1673, il signe, conjointement avec Martin Lenfilé un bail d’un an pour une pêche à anguilles, située à Lauzon et appartenant à Paul Chaillifour, maitre charpentier habitant en la seigneurie Notre-Dame-des-Anges.

La construction de l’église

En 1675, le roi fait un don de 4 000 livres aux curés et prêtres du séminaire pour bâtir des églises. En septembre, l’arpenteur Jean Guion effectue le toisage. Deux ans plus tard, en 1677, la construction de l’église est terminée et on peut y célébrer la première messe.

L’église de 1675 était en pierre, longue de quarante pieds, et s’élevait à une lieue de Québec.[8]


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[1] https://www.naviresnouvellefrance.net/html/pages16701671.html#pages16701671

[2] idem

[3] On dit que celles qui recevaient 100 livres, au lieu de 50, étaient de la petite noblesse ou petite bourgeoisie.

[4] (Lacoursière, 2013)

[5] (Roy J. , Histoire de la seigneurie de Lauzon, vol. 1, 1897, p. 270)

[6] (Roy J. , Histoire de la seigneurie de Lauzon, vol. 1, 1897, p. 270)

[7] https://www.journaldequebec.com/2019/10/27/photos-voici-10-histoires-de-bourreaux-de-crimes-et-de-pendaisons-a-quebec

[8] (Roy J. , Histoire de la seigneurie de Lauzon, vol. 1, 1897, p. 273)