Son mariage
1718 marque le début d’une nouvelle vie pour Étienne et Angélique Guay, sa cousine, qui uniront leur destinés le jeudi 9 juin.
Quelques jours auparavant, le 6 juin, ils avaient fait leur contrat de mariage devant le notaire Rivet. Étaient présentes les deux mères, Marie-Anne Métru, veuve de Claude Philippeau, son deuxième mari et Perrine Samson, la nièce de Marie-Anne, mère d’Angélique et elle aussi veuve, Ignace étant décédé 4 ans plus tôt. Étaient aussi présents parents et amis, dont Ignace Lecours, maître tonnelier de Québec et Joseph Fleury, écuyer, sieur de la Gorgendière et seigneur de Deschambault.
Ils s’épousent selon les coutumes de Paris. Étienne s’engage à douer Angélique d’une dot de 600 livres de France; il s’engage aussi à douer la communauté de biens d’une valeur de 200 livres. Ils se « font don mutuel égal et réciproque au survivant d’eux ce acceptant de tous les biens meubles et immeubles de la dite communauté. » Et tous ont signé, sauf Perrine et Angélique qui ont déclaré ne pas savoir signer.


Le mariage a été célébré en l’église de la Pointe-de-Lévy par le curé Larue. Une dispense de deux bans avait été accordée et le mariage a été permis malgré les liens de parenté. Encore là, de nombreux témoins étaient présents et certains ont signé : Jean, le frère d’Étienne, le sieur Charest, Pierre Jolly, Ignace Lecour, Michel Lecour, Patry, Michel Guay, l’oncle d’Angélique, Étienne et Jacques Bégin, ses cousins, de même que le seigneur de la Gorgendière. Sur son contrat de mariage, Étienne a signé « Estienne Samson » et au mariage, il signe « Étienne Sanson »! Marie-Anne et Perrine ne sont pas indiquées comme présentes au mariage.
Où se sont-ils installés, on ne le sait pas. Cependant, lors du dénombrement de 1723, on situe Étienne sur la terre #7. Peut-être ont-ils commencé leur vie à deux là.
Le 15 octobre 1722, Marie-Anne Métru vend à Jean Gely une petite maison joignant le dit acquéreur. Celui-ci vit sur la terre #16, Jean-Baptiste Carié lui a repris la dernière terre où Jacques et Marie-Anne ont vécu. Est-ce la maison où ils ont vécu à la fin de leur vie commune, leur première maison, une autre? La description est intéressante :
C’est à savoir une petite maison de pièces sur pièces joignant ledit acquéreur de 16 pieds sur une face et 12 sur l’autre couverte de planches consistant en une seule chambre et grenier au-dessus.[1]
Dénombrement de 1723
L’intendant Bégon a ordonné en 1722 la confection d’un papier terrier des seigneuries de la vallée du Saint-Laurent. L’idée derrière cette entreprise était de vérifier si les seigneurs avaient bien mis en valeur leur seigneuries (sic) comme ils en avaient l’obligation. Les aveux et dénombrements qui ont été réalisés entre 1723 et 1745 décrivent chaque unité cadastrale de chaque seigneurie. Ils nous donnent quelques informations sur les terres des propriétaires : la superficie totale, la superficie en culture et les bâtiments.[2]
Ce dénombrement nous procure des informations intéressantes sur Étienne. On note qu’il est installé entre les terres de Jean Bourassa (terre #6) et Jean Joly (terre #8). Il possède maison, grange et étable et a environ trente arpents de terre labourable. Il ne possède pas de pêche sur le fleuve.
Qu’au-dessous est Etienne Samson qui possède 3 arpents de front sur 40 de profondeur chargés des mêmes cens et rentes à l’exception qu’il ne doit point de poisson n’ayant point de pêche, lequel a maison, grange, étable et environ 30 arpents de terre labourable.

On se rappelle que le recensement de 1681 nous indiquait que Jacques avait 16 arpents en valeur et 9 bêtes à cornes. La superficie des terres labourables a presque doublé en 40 ans.
En 1730, il enregistre devant le notaire Pinguet de Vaucour la vente d’une part de terre située en la seigneurie de Lauzon à Charles Guay, son beau-frère marié à Marie Angélique Carrier.
Les enfants
Louise, leur premier enfant nait probablement en 1719, mais on ne retrouve aucun document sur la naissance ou le baptême. Elle décède le 4 aout 1733, à l’âge de 14 ans et est inhumée dans le cimetière de la paroisse St-Joseph.
Leur premier garçon, Étienne, nait le 17 septembre 1720 et est baptisé le 20. Son parrain est Michel Guay, sa marraine Marguerite Samson, sa tante, la sœur d’Étienne. Prénommé Étienne, comme son père, il se mariera avec Marguerite Bégin et aura 9 enfants, dont un prénommé Étienne!
Deux ans plus tard arrive une petite sœur, Marie-Catherine, née le 29 juin 1722, baptisé le jour même de sa naissance. Parrain sieur Desoniers, marraine Catherine de Monbrun, probablement la petite-fille du sieur Charest.[3]
Au tour de Marie-Charlotte, née le 29 octobre 1723, qui est baptisée à Québec, et non dans la paroisse de Saint-Joseph, deux jours plus tard, le 31 octobre. Quand on pense qu’il fallait traverser le fleuve en canot ou en chaloupe, il devait y avoir une bonne raison pour tenir cette cérémonie à Québec. Est-ce le choix du parrain Charles Perthuys, le fils de Charles, un riche marchand de Québec[4] et de la marraine Marie Claire Fleury de la Gorgeandiere, Claire Jolliet de son nom de « jeune fille »? Elle était la fille de Louis Jolliet et avait hérité d’une partie de la pêcherie de loup-marin de Mingan. Elle épousa le sieur Fleury de la Gorgendière et le commerce de l’huile de loup-marin, entre autres, leur permit de créer leur richesse.
Il (Charles Fleury) ne tarda pas à acquérir des vaisseaux et il établit, avec la France et les Antilles, des liens commerciaux qui lui permirent d’importer du drap et divers autres articles indispensables, et d’exporter des fourrures, du poisson et de l’huile.[5]
Le 8 mai 1725 marque l’arrivée de Joseph Marie, celui qui continue notre lignée familiale. Il sera baptisé à Lauzon le lendemain, les parrain et marraine seront Joseph Charest et Mlle Thérèse Charest, possiblement les enfants d’Étienne Charest, âgée respectivement de 12 et 10 ans. Pour l’anecdote, un mois plus tôt, Jean Samson, fils de Gabriel, donc le cousin d’Étienne Samson, a eu un garçon prénommé lui aussi Joseph Marie, né le 4 avril 1725 et qui malheureusement décédera le 20 septembre à l’âge de 5 mois.
Suivent Suzanne-Geneviève, née le 26 juillet 1727, Ignace né le 2 juin 1729 et une petite retardataire, Marie-Louise, née le 28 septembre 1736.
Les mariages
On n’était pas vraiment curieux dans la famille d’Étienne… ou on avait trouvé l’âme sœur pas loin.
Des six mariages, trois enfants ont choisi leur conjoint ou conjointe dans la famille de Jacques Bégin / Marie Geneviève Rochon : Ignace avec Marie Véronique en 1751, Étienne avec Marie Marguerite en 1756 et Marie-Louise avec Charles Louis, en 1761.
Pour les trois autres, c’est une histoire à la « Jean-Laval »! En 1744, Catherine a épousé Michel Guay, son ainé de 23 ans… En 1751, Suzanne a marié le neveu de Michel (Jean, fils) et en 1756, Joseph a marié la nièce (Marguerite), Michel étant le frère de Jean (père), qui lui est le père de Marguerite et Jean (fils). Michel et Jean (père) étaient frères, les fils de Louis Guay, qui lui était marié à Suzanne Samson, la fille de Jacques et Marie-Anne Métru! Vous vous y retrouver?
Ou vu d’un autre angle, Michel Guay, le fils de Suzanne Samson, veuf depuis 11 ans de Marie-Anne Grenet, sa petite cousine, la fille de Jeanne Samson, elle-même fille de Gabriel, donc la cousine d’Étienne, a maintenant marié sa cousine, sans oublier Jean Guay et Marguerite Guay leur petit cousin/petite cousine (du 3e au 2e degré)! Quand on veut compliquer les choses… Une dispense de parenté et de deux bans de mariage a été accordé par Monseigneur l’Évêque pour Joseph et Marguerite, Jean et Suzanne de même que pour Michel et Catherine,
Un ban a été publié, « Monseigneur l’Évêque leur ayant accordé la dispense des deux autres bans aussi bien que de l’empêchement que la parenté qui est entre eux »[6]
[1] Contrat de vente devant le notaire Rageot, 15 octobre 1722
[2] Le carnet du flâneur: Les aveux et dénombrements (lecarnetduflaneur.com)
[3] Catherine épousera Michel Guay, son cousin, un veuf ayant déjà 7 enfants et ensemble ils auront 14 autres enfants! Au mariage, il a 45 ans et elle 22. Ce qui ne les empêchera pas de vivre vieux, lui décède à 87 ans et elle à 73 ans, huit ans plus tard.
[4] Biographie – PERTHUIS, CHARLES – Volume II (1701-1740) – Dictionnaire biographique du Canada
[5] Biographie – FLEURY DE LA GORGENDIÈRE, JOSEPH DE – Volume III (1741-1770) – Dictionnaire biographique du Canada
[6] PRDH, acte 131447 Michel Guay et Catherine Samson
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