- La vie en Nouvelle-France jusqu’à la conquête
- En route vers la bataille des plaines d’Abraham
- 1756 chez Étienne
La vie en Nouvelle-France jusqu’à la conquête
Étienne et Marguerite vivront un peu la fin d’une époque.
La reprise économique est bien lente, mais elle connaît un essor sans précédent au cours de la longue période de paix qui s’étend de 1713 à 1744.[1]
L’église de la Pointe de Lévy a près de 50 ans et doit être restaurée et agrandie. Ce qui fut entrepris en 1721.
Ce fut Guillaume Couture, un des fils du premier colon de la pointe de Levy, qui entreprit la construction de ce nouveau temple. Si l’on en juge par les détails portés au livre-caisse de la fabrique, cet édifice devait être très convenable. La muraille était de pierre de taille. Le portail était percé de 5 niches où reposaient 5 grandes statues. On restaura la voûte et la corniche, on installa de nouveaux autels en bois de noyer…[2]
Cette même année, le 8 avril, après quelques mois de maladie, le curé Boucher, âgé de 55 ans, rend l’âme. M. de la Rue le remplace comme curé. C’est d’ailleurs lui qui baptise tous les enfants, sauf Charlotte baptisée à Québec.
L’année suivante marque l’ouverture des premières écoles primaires.
En 1726, la population de la Nouvelle-France atteint 29,396 habitants. Ci-contre une vue de Québec en 1729.

C’est aussi à cette époque qu’on débute la construction du Chemin du Roy, entre Québec et Ville-Marie. Il est inauguré en 1734. On peut maintenant se rendre à Montréal avec un seul cheval, en quatre jours, et ce grâce à la construction du chemin mais surtout de 13 ponts!
Les industries continuent à croitre. On assiste à la fondation des forges du Saint-Maurice qui débuteront leur production en 1738; on voit les débuts de la construction navale à Québec, à la demande du Roy en 1731. En 1742, on effectuera le lancement du Le Canada, le premier navire de guerre construit en Nouvelle France. Toute la famille Samson a sûrement assisté à la mise à l’eau!

Le Canada était une flûte à deux ponts, c’est-à-dire un transporteur armé. N’étant pas destiné au combat en ligne, il ne portait qu’une artillerie de 28 pièces réduite à un usage défensif, soit:
– quatre canons de 12 livres sur sa première batterie,
– vingt-quatre canons de 8 sur sa deuxième batterie,
Les sources nous donnent un équipage pouvant aller de 100 hommes en temps de paix à 180 hommes en temps de guerre. Le Canada pouvait filer jusqu’à 7 nœuds, ce qui était une vitesse assez élevée pour un transporteur. Le rapport émis en 1743, après sa traversée de l’Atlantique pour rejoindre Rochefort disait du Canada qu’il « marche bien ».
Malgré ses qualités nautiques, le Canada resta peu de temps en service. Les bois de Nouvelle-France, en effet, séchaient mal à cause du climat, ce qui entrainait leur rapide pourrissement. Ce mal affectait presque toutes les unités militaires construites à Québec. En 1747, cinq ans seulement après son lancement, le Canada fut mis à la casse.[3]
On est toujours sujet aux aléas de la nature. Mauvaise récolte en 1732; variole, petite vérole, disette, épidémie en 1733, près de 2,000 morts, jusqu’à 2,000 malades en même temps à l’Hôpital général de Québec; en 1743, des chenilles ravagent les champs de Détroit à Québec; typhus en 1743, 1746 et 1750!
La population de la Nouvelle-France atteint malgré tout 39,063 personnes en 1736 et 55,009 en 1754.
En route vers la bataille des plaines d’Abraham
Les escarmouches entre les Anglais et les Français se multiplient un peu partout sur le territoire : vallée du Richelieu, Nouvelle Angleterre, Virginie, Ohio.
27 mai 1754 : Lors de l’incident de Jumonville, les miliciens de la Nouvelle-Angleterre tuent trente Français, avec le lieutenant Joseph Coulon de Villiers, sieur de Jumonville, à la tête. Dix soldats et Jumonville furent tués à tirs de feu au moment des négociations, le reste furent massacrés après être capturés. Dans l’histoire des États-Unis cet épisode est connu sous le nom de la Bataille de Jumonville Glenn, même s’il n’y eut aucune bataille. Le commandant des troupes britanniques était alors le colonel George Washington. Outragés de ce crime, 600 soldats français et miliciens canadiens sous les ordres du capitaine Louis Coulon De Villiers (le demi-frère de Joseph) attaquent à leur tour. George Washington capitule, reconnaissant l’assassinat de l’officier De Jumonville avant de battre en retraite.[4]
Afin de renforcer sa défense, la France envoie deux bataillons du régiment de Guyenne, soit 3,600 hommes commandés par le baron De Dieskau. (Ce régiment participera aussi à la bataille des Plaines d’Abraham!)
En juillet 1755 débute la déportation des Acadiens, décidée par le conseil exécutif de la Nouvelle-Écosse, ceux-ci refusant de signer le serment d’allégeance au souverain d’Angleterre, ne s’assimilant pas assez vite et n’étant pas de bons sujets britanniques.
Le marquis de Montcalm est nommé Commandant en Nouvelle-France en janvier 1756 et arrivera à Québec le 12 mai de la même année.

Quelques mois plus tard, en Europe, débute la Guerre de Sept-Ans opposant la Prusse (alliée de l’Angleterre) à une coalition menée par la France. Cette guerre entraînera des répercussions jusqu’ici, comme on le sait.
1756 chez Étienne
Comment ont été vécu l’arrivée de Montcalm, des régiments de soldats, les récits des différentes batailles, victoires et défaites, la déportation des Acadiens? Est-ce que les habitants avaient confiance en la force de la Nouvelle France?
Il y avait certainement une grande période d’incertitude.
Mais la vie continue.
Le 1er mars 1756, on célèbre le mariage d’Étienne, fils, avec Marguerite Bégin. Le 24 novembre 1756, c’est au tour de Joseph-Marie, notre ancêtre de la 3e génération, de se marier.
Sans oublier 4 baptêmes : le 8e pour Catherine, le 3e pour Suzanne, le 3e pour Ignace et le 8 novembre, le premier pour Étienne, fils, qui s’était marié le 1er mars… huit mois avant l’accouchement, à vous de tirer vos conclusions!
On sait qu’Étienne a assisté aux deux mariages tenus en 1756, mais pas à celui de 1761.
On ne connait pas la date exacte de son décès, ni le lieu de son inhumation.
A-t-il observé la comète de Halley qui a effectué un passage en 1758? Est-ce que son décès ou l’absence de documentation de son décès est lié à la prise de Québec par Wolfe en 1759?
Chose certaine, la Nouvelle-France telle qu’il l’a connue n’existera plus!
Étienne et Angélique auront eu huit enfants et 54 petits-enfants, issus des mariages de six de leurs enfants. Étienne aura fait la connaissance d’au moins 24 d’entre eux avant sa disparition et Angélique les aura presque tous tenus dans ses bras, elle qui décédera en 1774, à l’âge de 77 ans. 50 sur 54, tout un exercice de mémoire pour retenir les noms.
Petit fait triste, Catherine, leur deuxième fille, et Michel Guay ont eu 14 enfants. Sept n’ont pas vécu plus d’un an et trois autres sont décédés à 6, 19 et 20 ans. Pauvreté, problèmes de santé ?
[1] https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/nouvelle-france
[2] (Roy J. , Histoire de la seigneurie de Lauzon, vol. 2, 1898, p. 96)
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Canada_(navire)
[4] Ligne du temps : 1751 – 1776 – Voyage à travers le Québec (grandquebec.com)
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