- Qu’advient-il des terres?
- Un troisième enfant
- Le curé Charles Youville Dufrost
- La Corriveau
- La vie continue
Qu’advient-il des terres?
On voit, par différents actes, que les terres commencent à être morcelées, cédées ou vendues en partie tant aux enfants, petits-enfants ou échangées avec des voisins.
Comme indiqué plus haut, Étienne, fils, et Joseph ont acheté une terre des Charest en 1758. Au recensement de 1762, Étienne et Joseph sont listés à la suite l’un de l’autre, avant Jean Charest fils, ce qui confirme leur lieu de vie et qu’ils ont surement maison!
En avril 1762, avec le consentement d’Angélique Guay, sa mère et veuve d’Étienne Samson, il vend les droits successifs mobiliers et immobiliers à Ignace Samson, son frère; je soupçonne qu’on parle ici de la terre située à l’est de Lauzon, où Étienne résidait en 1723. Au recensement de 1762, on indique pour Ignace que le foyer compte un homme, deux femmes (surement son épouse et probablement sa mère, Angélique Guay), 2 gars, 3 filles, un domestique et une domestique (Ignace a deux gars et une fille, est-ce à dire que les domestiques auraient 2 filles?); la terre a 1 ½ arpents de large, ce qui correspond à la terre qui appartenait à Jacques! On voit qu’une branche des Samson s’est installée dans la section est de Lauzon et une autre à l’ouest de l’église.
Un troisième enfant
Début décembre 1762, un troisième enfant, François, vient tenir compagnie à Agathe, 4 ½ ans et Joseph, né durant la période de la conquête, âgé d’environ 3 ans. Le parrain est François Bourassa et la marraine, Marie-Anne Samson.
Le curé Charles Youville Dufrost
C’est le curé Charles Youville-Dufrost qui officie. Durant la conquête, celui-ci s’était élevé contre les Anglais, appuyant ses paroissiens et les soldats français. À l’arrivée des Anglais, il s’était réfugié avec ses ouailles à Saint-Henri. Le 24 juillet, il fut fait prisonnier avec 287 des siens. Il fut reçu à souper par Monckton et ensuite envoyé, avec ses paroissiens, sur des frégates qui mouillaient en face de Lévy. Il est libéré, car il officie fin 1759, début 1760.
Cependant, le climat est tendu; le capitaine Saint-Martin, comme on l’a vu, utilise l’église et le presbytère de la pointe de Lévy comme château fort pour harceler les Anglais. Dufrost doit quitter la région pour Montréal quand les Anglais reprennent le presbytère. Après un exil de près de deux ans, on le retrouve à son presbytère le 15 novembre 1761.
Celui-ci avait servi de quartier général à Monckton et se trouvait dans un état lamentable, de même que la plupart des maisons, soit détruites par les bombardements ou par le feu porté par les soldats anglais.
La désolation était telle que « quand le printemps et la délivrance étaient venus Murray, pris de pitié, leur avait donné la ration, à eux et à leurs missionnaires ».[1]
La Corriveau
Qui n’a pas entendu parler de Marie-Josephte Corriveau? LA Corriveau, née à Saint-Vallier en 1733, qui, tout dépendant des versions et des époques, était une sorcière et meurtrière ayant tué jusqu’à sept de ses maris ou plutôt une victime de violence conjugale de la part de son second mari…
Murray, voulant maintenir l’ordre dans la colonie, la fit juger par une cour martiale. Elle fut condamnée à mort pour le meurtre de son second mari et pendue à Québec le 18 avril 1763. Et pour marquer encore plus son autorité, il fit exhiber son corps dans une cage en fer accrochée à un arbre à la fourche des chemins de la Pointe-Lévis, pourrissant sur place, pendant cinq longues semaines! En 1851, on a découvert la cage enterrée dans le cimetière de Lauzon.

Est-ce que Joseph et Marguerite s’étaient déplacés pour assister à la pendaison sur les Buttes-à-Nepveu (dans le secteur du Jardin Jeanne-D’Arc et de la tour Martello sur les plaines)? Mais ils ont certainement vu La Corriveau dans sa cage, et peut-être ont-ils amené la petite Agathe âgée de 6 ans !!!
Je me souviens que notre père Robert nous racontait cette histoire, plutôt cette légende teintée de vérité. Et il m’arrive encore, en arrivant à l’intersection de la rue Saint-Joseph et du boulevard de l’Entente, d’imaginer un arbre et une cage suspendue à une haute branche…
À l’automne 1763, la guerre de Sept Ans entre la France et l’Angleterre prend fin et avec la signature du traité de Paris, le sort du Canada est scellé. La proclamation royale confirme la fin de la Nouvelle-France, le Canada est renommé la « Province of Quebec ». James Murray devient officiellement le gouverneur de la province.
La population du Québec s’élève à un peu plus de 69,000 personnes.
La vie continue
Étienne Charest, le fils, quitte le Canada avec toute sa famille en aout 1765. Auparavant, il vend ses maisons à Québec et de nombreuses terres, dont, en mars 1765, une portion de terre située à Pointe de Lévy à Étienne et Joseph.
Il vend sa seigneurie et c’est le gouverneur Murray qui en fait l’acquisition. Il connaissait bien le secteur, s’y étant installé durant la guerre de 1759 – 1760. Il débourse 80,000 livres pour une seigneurie couvrant 33, 706 arpents et comptant 1,540 censitaires. Il chargea le notaire royal Jean Antoine Saillant de Collégien de la confection de l’aveu et dénombrement des fiefs et terres de sa seigneurie. C’est ainsi que l’on peut voir ceci :
02-05-1765 devant Saillant de Collègien : Titre nouvel de terres situées en la paroisse de Saint Joseph de la Pointe de Levy de la seigneurie de la côte de Lauzon au premier et au troisième rang; par Joseph Samson, habitant, de la paroisse de Saint Joseph de la Pointe de Levy, à Jacques Murray, écuyer, capitaine général, gouverneur en chef de la province de Québec, seigneur et propriétaire des terre, fief et seigneurie de la côte de Lauzon dite la Pointe-de-Lévis
Joseph possède donc des terres dans le premier rang (du fleuve jusqu’à l’actuel chemin des forts) et une autre portion dans ce même axe débutant au troisième rang, l’actuel chemin d’Harlaka. Le 25 novembre 1769, devant le notaire Sanguinet, on enregistre un nouveau partage d’une terre située en la seigneurie de Lauzon. Est-ce la fin des disputes entre Étienne et Joseph?
Lorsque l’on regarde tous les résumés d’actes notariés de cette période, on note que beaucoup de terres sont morcelées, vendues, échangées, cédées. Pour permettre à tous les enfants et petits-enfants de s’établir.
[1] (Roy J. , Histoire de la seigneurie de Lauzon, vol. 2, 1898, p. 346)
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