On lègue les terres aux enfants

  1. 1792, chez le notaire Dumas
  2. Dons de terres à Joseph et Louis Gaspard
  3. Contrat de mariage entre Joseph-Marie et Marie-Françoise Roy
  4. Don à Amable
  5. Décès de Joseph et Marguerite

1792, chez le notaire Dumas

1792, c’est l’année où on met à jour ses papiers chez le notaire Dumas!

Joseph est âgé de 67 ans, est-il malade ou est-ce juste le moment approprié pour faire son testament, car c’est aussi l’année du mariage de Joseph-Marie, notre ancêtre direct.

Le 17 avril donc, Marguerite et lui font leur testament chez ledit notaire Alexandre Dumas. Mais comment séparer ses biens et ses terres quand on a sept garçons et une fille toujours à la maison et deux qui ont fait leurs nids. Agathe s’est mariée en 1783, a déjà 7 enfants et François, marié en 1788, en a deux.

Il est intéressant de lire ce testament, qui s’étire sur trois pages et nous permet de comprendre un peu mieux comment le partage des biens se faisait et surtout comment les parents assuraient leur vieillesse. Tous les testaments semblent commencer par les mêmes points.

… furent présents le sieur Joseph Samson et Marguerite Guay son épouse, habitants de la paroisse Saint Joseph pointe levi, lesquels désirant que leurs enfants ne puissent avoir aucune conteste entre eux au sujet du peu de bien qui pourrait leur revenir à leur décès, d’après les dons qu’ils ont déjà fait à plusieurs de leurs enfants, étants en bonne santé de corps et sains d’esprit, jugement et entendement…

Ils recommandent leurs âmes à Dieu, demandent pardon et espèrent aller au paradis!

Les testateurs seront responsables de régler toutes leurs dettes, de les faire inhumer dans l’église de la paroisse, de faire chanter six basses messes pour le repos de leurs âmes et qu’au bout d’un an, on célèbre pour chacun un service.II

Ils donnent tous leurs biens à leurs enfants communs, Jean-Baptiste, Amable et Louis Abraham  « pour par eux en jouir par égale portion », mais à plusieurs conditions. (Joseph Marie et Louis Gaspard auront chacun une terre, le contrat se faisant la journée même.)

Ils doivent donner 50 livres à leur frère Thomas et compléter, au décès des parents, la somme de 600 livres qu’ils lui lègueront, donc lui donner 550 livres. De plus, ils doivent lui « fournir au bord nord, au sud du grand Chemin du Roy, et près la ligne de Joseph Samson leur frère commun, un emplacement de trois quarts d’arpens en quarré, pour s’y bâtir, s’il veut, l’occuper ainsi, lui-même sa vie durant avec famille cependant dans d’enlever les bâtiments lorsqu’il ne voudra ou ne pourra jouir dudit emplacement, de donner et délivrer aussi audit Thomas leur dit frère, une vache, un lit, un nouveau chevreau de l’année et une brebis. » Thomas, c’est celui qui s’est marié à 24 ans, avec Marie-Ursule Bourget, âgée de 41 ans; ce sont eux qui ont eu 6 enfants, dont cinq sont morts dans la première année. Était-il malade, souffrant d’une infirmité, avec un problème mental…? C’est le seul qui n’a pas hérité d’une terre!

Ils devront payer 600 livres à Agathe, sans égards aux objets mobiliers qu’elle a eu en se mariant.

 Ils devront enfin payer à leur autre sœur Marguerite 600 livres et lui livrer en outre, un lit, une vache, un buffet, une brebis, un nouveau chevreau et un rouet a filler.

François lui doit rembourser à la succession une somme de 800 livres et vingt sols, somme qui sera pour les légataires! Le 9 novembre 1787, ses parents lui avaient fait don de deux terres : la première située au 3e rang, de 1 ½ x 30 arpents avec maison, grange et étable de bois et la seconde, contiguë au sud, de 2 x 25 arpents. En retour, il s’engage à rembourser 800 livres à ses frères et sœurs, au décès de ses parents. Mais il n’aura le plein droit sur ces terres que « lorsqu’il se mariera avec l’agrément des dits donateurs »[1] et il recevra alors une paire de bœufs de deux années demi, un cheval de ferme, une vache, deux mères moutonnes, une vache, un cochon, un lit… Mariage qui aura lieu le 18 aout 1788!

Si au décès des testateurs, Joseph, lui, ne s’est pas encore bâti sur sa terre, il pourra demeurer dans la maison et se servir des autres bâtiments suivant son besoin. Marguerite pourra demeurer dans la maison et y loger ses hardes, lit et petits meubles tant qu’elle en aura besoin! François est nommé exécuteur testamentaire.

Et voilà, c’est réglé pour le testament… ou presque

Dons de terres à Joseph et Louis Gaspard

Cette même journée, devant ce même notaire, ils font don de terres situées à la concession de Lauzon à Joseph et Louis Gaspard, qui n’avaient rien eu dans le testament.

La terre du bas achetée en 1758 par Étienne et Joseph avait 7 arpents de large sur 40 de profond et été séparé en deux; Joseph possédait donc 3 ½ arpents de large. Lors du don, la terre est estimée à 2 ½ arpents de large. Où est passé l’arpent manquant? (sur une carte de 1845, on voit la terre de Jean-Baptiste Samson, environ 1 ½ arpents, celle d’Amable, 1 arpent et deux terres d’environ ½ arpent chacune appartenant à Augustin Montminny et Thomas Samson; probablement que les terres avaient été morcelées et vendues).

Revenons au 17 avril 1792. Joseph hérite d’une terre de 1 ½ arpents de large par 40 de profondeur, à prendre du coin sud-ouest bornée au fleuve, à l’ouest on retrouve Charles et de l’autre côté les mineurs Samson (Jean-Baptiste, Amable et Louis Abraham cités au testament!), avec une chapelle que Joseph devra laisser subsister. Et elle est toujours là!

Louis Gaspard hérite d’une terre de 1 ½ arpents par trente-trois de profond, située dans le troisième rang des concessions de Lauzon, quartier d’Arlaca.

Joseph et Louis devront donner à Thomas 250 et 300 livres, respectivement, et fournir à leurs parents, leur vie durant, du blé moulu en farine, de la viande de bœuf et d’autres items très bien détaillés dans l’acte. C’était une façon d’assurer sa subsistance lors de sa vieillesse!

Donc on comprend que Joseph prend la terre près de ses parents (cette terre qui continuera et mènera au 227 rue Saint-Joseph!), aidera ceux-ci, veillera sur eux et surveillera ses frères et sa sœur jusqu’à leurs départs!

Contrat de mariage entre Joseph-Marie et Marie-Françoise Roy

Et c’est cette même journée que Joseph-Marie et Marie-Françoise Roy font rédiger leur contrat de mariage par le notaire Dumas, en vue de leur mariage quelques mois plus tard. Ce seront eux qui seront les sujets du prochain chapitre!

Le 26 juin 1802, ils font don à Jean-Baptiste et Louis Abraham d’une terre de 3 x 30 arpents, située « au 3e rang prenant par devant au trait quarré d’entre la troisième et deuxième concession aboutissant aux terres de la quatrième rangée des concessions du dit village » et ils leur donnent « à chacun d’eux une charrette complète avec ses roues; un cheval attelé de son harnais; une paire de bœufs de deux ans et demi ou environ;  une vache; un porc hiverné; deux moutonnes; un lit garni sauf les rideaux, une hache, une pioche, une charrue à une dent; une faulx pour chacun et quatre poules aussi délivrables ces objets à Jean Baptiste dans le courant d’une année de ce jour, et délivrable à abraham dans le courant de trois années aussi de ce jour. » Les deux frères devront payer aux parents, toute leur vie durant, du blé converti en farine, de la viande et du bois de chauffage. Jean-Baptiste s’engage de plus à travailler pendant trois ans pour ses parents ou son jeune frère Amable, il sera logé et nourri; ses parents et Amable s’engagent à lui construire, durant ces trois ans une maison de 20 x 24 pieds, une grange et une étable de 45 pi de long sur 21 pieds de profondeur.

Intéressant. La dimension des maisons augmente. La maison de Jacques léguée par Marie-Anne Métru à Jean Gelly en 1722 mesurait 16 pieds de façade par 12 de profondeur. Celle de Jean-Baptiste sera deux fois et demie plus grande, 20 x 24. On voit une maison probablement de ce type à Saint-Michel, toutefois un peu plus grande.

Don à Amable

Cette même journée, ils font don à leur dernier fils, Amable “ d’un arpent une perche ou environ de terre sur le nord du fleuve Saint-Laurentnsur quarante arpents de profondeur au sud ouest Joseph Samson et d’autre part aux héritiers de feu Étienne Samson qui inclut un emplacement de 3/4 d’arpent dont Thomas, frère du donataire, à la jouissance.”2

Joseph-Marie et Marie-Françoise se gardent un terrain d’un arpent par un arpent sur le grand chemin du roi avec la maison et le bas-côté en pierre, la grange, l’étable et tous les autres bâtiments construits, et ce jusqu’à leur décès.

Amable pourra y vivre avec sa femme et ses enfants (il se mariera 1 ½ plus tard) à la condition de travailler la terre et s’occuper des animaux. Tout sera partagé moitié-moitié entre lui et ses parents.

Ce qui est intéressant et amusant, c’est de voir comment les parents assurent leur vieillesse, et ce dans les moindres détails. S’ils ne pouvaient plus continuer à travailler sur la terre « pour quelques raisons que ce soit, ils seront logés dans la chambre qui est au sud-ouest de ladite maison garni d’un lit avec rideau et d’un autre sans rideau, d’un buffet, d’une table tournée (?) et d’une autre petite table pliante, d’un poêle de fer avec son tuyau et autre garniture nécessaire, de six chaises, d’un fauteuil leur vie durant et aussi tout autre meuble, vaisselle et ustensiles dont ils auront besoin pour leur ordinaire, leur blanchissage et cuire le pain… Les donateurs devront les mener et les ramener où ils voudront aller en voiture bien garni de robes de bœuf(?) en hiver, dans les saisons non pressenties pour les travaux; les soignera en maladie et infirmité, leur fournira des chirurgiens et des médicaments quand ils en auront besoin; les blanchira, fera leur cuisine, cuira leur pain et fera leur ménage lorsqu’ils ne pourront le faire eux-mêmes. » Et ils listent ce qui doit leur être fourni chaque année: « vingt-cinq livres de sucre du paÏs, deux livres de thé de M…, deux livres de café, deux livres de chocolat, douze livres de saindoux, un mouton en automne, neuf livres de chandelles, le tabac à fumer dont le donateur aura besoin, la moitié des pommes qu’il recueillera, la moitié du petit jardin, un minot de blé, une peau de loup marin tannée, un habillement pour homme ou femme en étoffe du païs… »[3] et ça continue comme ça pendant quelques paragraphes.

Café, thé, chocolat, sucre du pays, un jardin, des pommiers, une maison avec des chambres, une grange, une étable, des vaches, des moutons, des chevaux, des meubles, les vêtements… on peut imaginer un peu leur environnement!

Décès de Joseph et Marguerite

Joseph décède à Lauzon, deux ans plus tard, le 20 septembre 1804 à l’âge de 79 ans et est inhumé dans l’église de la paroisse le 22.

Cette même journée, c’est la naissance et le baptême de Marie Esther, sa petite-fille, la fille de Louis Gaspard et Louise Carrier. Les deux actes se suivent dans le registre paroissial. La petite Marie Esther décédera trois jours plus tard!

Son épouse Marguerite décédera 20 ans plus tard, le 19 décembre 1824, âgée de 89 ans et sera inhumée dans le cimetière de la paroisse. « …Étaient présents Thomas, son fils, Ignace Samson son neveu et plusieurs autres qui ont déclaré ne savoir signer… » Elle aura donc vécu, probablement avec Amable et sa famille, dans la petite chambre située au sud-ouest, pendant plus de 22 ans!


[1] 9 novembre 1787, donation enregistrée devant le notaire A. Dumas

[2] Acte enregistré chez le notaire Alexandre Dumas, microfilm BANQ Québec

[3] Acte enregistré chez le notaire Alexandre Dumas, microfilm BANQ Québec

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