Les premières années

  1. 1797, Jean-Baptiste
  2. 1797, David McLane, espion !
  3. Le mariage
  4. Qui veut acheter les Îles de la Madeleine ?
  5. La famille
  6. Vol au presbytère, on ne rit pas…
  7. L’église de la paroisse passe au feu

1797, Jean-Baptiste

Jean-Baptiste nait le 4 avril 1797 et est baptisé le même jour par le curé Michel Masse.

… baptisé Jean-Baptiste né ce jour du légitime mariage de Joseph Samson et de Françoise Roy les père et mère habitants de cette paroisse. Le parrain a été Jean-Baptiste Samson oncle et la marraine Élizabeth Roy tante de l’enfant qui ont déclaré ne savoir signer…

1797, David McLane, espion !

1797, c’est aussi l’année de la pendaison de David McLane. Peut-être qu’on lui a raconté cette histoire quand notre petit JB a été plus vieux !

McLane est un marchand de chevaux américain qui vient à Montréal à cette époque, époque où il y a encore des tensions entre les Britanniques, les Canadiens… et les Américains qui espèrent toujours un soulèvement du peuple contre l’envahisseur.

McLane entre en contact avec différentes personnes, se présente ainsi :

« Vous ne me connaissez pas, mais je suis envoyé par le gouvernement français pour exciter une insurrection en Canada dans le but de délivrer de l’esclavage nos frères et parents.

Je suis le commandant en second de l’armée française destinée à opérer contre cette province. Je voudrais former un corps de Canadiens pour surprendre la garnison de Québec ; vous pouvez parler à vos frères, à vos parents et peut-être les engager à se joindre à nous. »[1]

Malheureusement pour lui, on le dénonce aux autorités. Incarcéré à Québec, jugé, il est condamné à mort ! Et pas de n’importe quelle façon…

Le 21 juillet 1797, David McLane est pendu à la prison de Québec ; pour donner un exemple au peuple, le «corps du supplicié fut descendu au pied de l’échafaud ; le bourreau en trancha la tête, la prit par les cheveux et la montrant au peuple, cria : “Voilà la tête d’un traître!” Il ouvrit ensuite le cadavre, en arracha les entrailles, les brûla, et fit des incisions aux quatre membres, sans les séparer du tronc».[2]

Le mariage

Jean-Baptiste, 24 ans, se marie le 31 juillet 1821, dans la paroisse de Saint-Joseph-de-la-Pointe-Levy, avec Euphrosine Bégin, âgée de 21 ans, une cousine au 3e degré. Même si c’est un mardi, on a pris congé pour assister au mariage et avoir son nom mentionné dans le registre de la paroisse ! Sa mère, son oncle Amable, son frère Joseph, le père de la mariée, son oncle Joseph Bégin et plusieurs autres. Joseph, le père de Jean Baptiste, était décédé 1 ½ ans plus tôt.

On sait que Jean Baptiste est cultivateur lors de son mariage; son grand frère Joseph, lui, s’est marié deux ans plus tôt et on indiquait à cette occasion que lui aussi était cultivateur. Partageaient-ils la même terre ? Je n’ai rien trouvé pour l’instant, mais comme ce dernier s’est marié alors que son père était toujours vivant et jeune (décédé subitement à 53 ans), je soupçonne qu’il s’est établi sur une terre dans le deuxième ou troisième rang.

Jean-Baptiste devenait le soutien de famille auprès de sa mère et a probablement hérité de la terre familiale, celle de 1 ½ arpents par 40, voisine de celle de son oncle Amable. Ce qui semble se concrétiser comme on le verra plus loin.

Qui veut acheter les Îles de la Madeleine ?

La même journée, dans le Journal Quebec Mercury, on annonce :

For sale, the valuable Islands in the Gulf of St.Lawrence, called the Magdalen Islands, the property of Admiral Sir Isaac Coffin, Bart., containing altogether about fifty-one thousand five hundred acres of Land, part of which is under improvement. – These Islands are most favourably for carrying on to great advantage a Seal, Cod, Salmon, and Whale Fishery, and worthy the attention of any person disposed to engage in this business. There are upwards of one hundred families settles upon the different Islands.

La famille

Euphrosine et Jean-Baptiste auront 6 enfants, un à tous les trois ans !

Le premier est… Jean-Baptiste, celui qui continue notre lignée. Il nait le 9 octobre 1823 et est baptisé le même jour dans la paroisse de Saint-Joseph. Son parrain est Étienne Bégin et sa marraine Élizabeth Roy (comme pour son père) et le prêtre qui officie est encore le curé Masse. On est maintenant rendu à trois Jean-Baptiste : le grand-oncle, le père et le fils.

19 février 1827, naissance et baptême d’Édouard, qui se mariera avec Catherine Lecours dit Barras, âgée de 19 ans et orpheline, en juin 1847.  Edouard est boulanger lors de son mariage, navigateur en 1855, marchand en 1856, 1859, charretier au recensement de 1871 et marchand à celui de 1881. Ils auront 8 enfants.

Vol au presbytère, on ne rit pas…

Dans la nuit du 29 septembre 1826, six hommes masqués pénètrent dans le presbytère de l’église de Saint-Joseph de Lévis et forcent le curé Masse, sous la menace d’un pistolet, à leur remettre la clef du coffre-fort de la paroisse. Les voleurs prennent la fuite en emportant dix-huit cents louis, soit de nos jours l’équivalent de 12 mille $. L’argent appartenait au curé, à la ménagère et à la fabrique.

Les autorités arrêtent plusieurs malfaiteurs connus, mais on les remet en liberté après vérification de leurs alibis. Enfin, le 13 novembre 1827 (sic, 1826), la Gazette de Québec annonce l’arrestation des coupables.

«Nous apprenons que toutes les circonstances du vol commis en septembre dernier chez M. Massé, à la Pointe-de-Lévy, sont pleinement dévoilées et que tous les voleurs sont maintenant dans la prison de Québec, à l’exception de Pierre Beaudry, dit Daniel…»

La police a mis la main sur les bandits suite à la trahison de l’un d’entre eux, Patrick McEwen, alias Patrick Daly. Il est probable que ce monsieur ait été mécontent du partage du butin.

Les cinq accusés, soit William Ross, Robert Silice, Benjamin Johnson et les frères Jean-Baptiste et Michel Monarque, passèrent en jugement au mois de mars 1827 à Québec.

Ces procès (il y en eut deux, car William Ross fut jugé séparément) eurent un retentissement considérable au Canada. Les preuves contre les accusés étaient si bien étayées que les jurés ne délibérèrent pas plus de vingt minutes. Le verdict était unanime: coupables!

Le samedi 31 mars 1827, le tribunal condamne les cinq accusés à la pendaison.

William Ross, Robert Silice et Benjamin Johnson furent pendus devant la prison de Québec le 21 avril, et Jean-Baptiste Monarque le 24 avril. Les condamnés, la corde au cou, allèrent à pied de la prison jusqu’à l’échafaud, suivis par leurs cercueils placés sur deux charrettes. Ils confessèrent leur crime et demandèrent pardon à Dieu et aux hommes. Deux prêtres du Séminaire de Québec, MM. Aubry et Viau, récitèrent des prières.

Michel Monarque fut gracié par le gouverneur au dernier moment. Par contre, son frère Jean-Baptiste fut pendu trois fois, car le bourreau, par manque d’expérience, n’a pas réussi à accomplir sa tâche les deux premières fois, le condamné s’obstinant à retomber sur le sol[3]

L’église de la paroisse passe au feu

Un soir d’hiver de l’année 1830, le 14 février, on entendit tout à coup les cris au feu ! au feu ! Il était huit heures et les paisibles habitants de Saint-Joseph de la pointe de Lévy se préparaient déjà à se retirer pour la nuit. Une immense lueur couvrait l’horizon. On accourut de tous côtés. C’était l’église de la paroisse que l’incendie dévorait. On fit tous les efforts imaginables pour entrer dans le temple, mais déjà l’autel et la sacristie n’étaient plus qu’un brasier ardent, et les flammes étaient si violentes et si étendues qu’il fut absolument impossible d’y mettre le pied et de sauver pour un seul denier[1].

Dès la semaine suivante, le curé Masse officiait dans une chapelle temporaire aménagée dans le presbytère.

Le premier mars, deux cent soixante et cinq paroissiens s’adressèrent à l’évêque Panet, pour obtenir la permission de reconstruire l’église incendiée. Ce fut, monseigneur Signay, alors coadjuteur, qui vint, le 11 mars, fixer la place du nouveau temple et en donner les dimensions. Il décida que cette église serait située sur la place et dans la direction de celle qui venait d’être incendiée. L’autel se trouva à peu près désigné par une croix qui était alors plantée dans le cimetière. Depuis le rond point jusqu’au portail, le nouvel édifice devait avoir cent-vingt six pieds de longueur. La nef devait mesurer quarante cinq pied s de largeur. Il donna au sanctuaire une dimension de trente trois pieds par trente sept et à la sacristie, quarante pieds par vingt sept pieds et demi. Deux chapelles latérales d’une longueur de vingt quatre pieds avec une saillie de dix neuf pieds sur quinze devaient compléter l’église. Il fut décidé que le long pan de l’ancienne église qui était parallèle au chemin serait reculé en proportion de la saillie fixée à la chapelle latérale[2].

Après quelques débats entre les paroissiens sur les couts et l’ampleur de la reconstruction, on entreprit la construction. On posa la première pierre le 15 octobre 1830 et la première messe fut célébrée à la Saint-Michel, le 29 septembre 1832.


[1] (Roy J. , Histoire de la seigneurie de Lauzon, vol. 5, 1904, p. 242)

[2] (Roy J. , Histoire de la seigneurie de Lauzon, vol. 5, 1904, p. 243)


[1] https://histoire-du-quebec.ca/execution-de-david-mclane/

[2] https://memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=McLane_%28David%29

[3] https://grandquebec.com/400-anniversaire/archives-de-quebec-2008/histoire-curieuse/crime-et-chatiment/

Laisser un commentaire