- Le climat social en France à l’époque de ses parents
- Saint-Gatien
- Le décès des parents et le départ
- Marie-Anne Métru ?
Le climat social en France à l’époque de ses parents
La guerre de Trente Ans s’est terminée en 1648. D’abord une guerre entre catholiques et protestants, s’y est ajouté un conflit entre la France et l’Espagne. Et comme souvent dans ces conflits, ce sont les plus pauvres qui en souffraient davantage. Les impôts pour couvrir les efforts de guerre ont été augmentés trois fois, ceux qui ne pouvaient payer étaient jetés en prison. Les paysans ont eu à subir de mauvaises saisons de récoltes, des épidémies, la tension montait.
Les pauvres rendements en agriculture font monter les prix, et plusieurs paysans ne peuvent plus s’acheter à manger et sont au bord de la famine. Les grandes crises en agriculture ont lieu en 1648-53 et 1661-62.[1]
On est en 1643, Louis XIV n’a que 5 ans et devient roi. C’est Mazarin qui devient le régent, il est dénué de scrupules, très ambitieux et très cupide ; il se constitue aux dépens de l’état une immense fortune. Les pratiques de Mazarin aggravent encore le désordre des finances ; il faut relever les tailles et multiplier les taxes nouvelles. En 1648, les Parisiens se révoltent. C’est la Fronde. Mazarin et la reine doivent céder.
Une période trouble s’installe pour quatre ans. L’anarchie est à son comble, la confusion règne chez les Frondeurs ; les intrigues se nouent et se dénouent. La division des Frondeurs, l’égoïsme des privilégiés et la lassitude de la bourgeoisie contribuent à ouvrir au roi le chemin de la capitale où il a été accueilli triomphalement en 1652. Les intendants sont remis en place et la centralisation monarchique recommence. La Fronde a fait beaucoup de ravages dans le pays tout entier, et de cette misère est sorti chez le peuple un désir d’ordre de paix qui va renforcer l’absolutisme royal.
Information tirée d’Histoire générale II, page 142
C’est à cette époque, en 1641, que Toussaint et Catherine se marient. Lui, âgé d’environ 31 ans, était probablement originaire de Saint-Gatien ; elle était native de Saint-Gatien, y ayant été baptisée le 19 aout 1607, donc âgée de 34 ans au mariage.

Toussaint Samson a été marié à Catherine Le Chevalier le trentième et dernier jour de novembre mil six cent quarante et un
Le registre paroissial ne fait pas mention des parents des époux, on ne peut donc pas retrouver les grands-parents de Jacques. Certaines sources ou sites généalogiques identifient Paul, Gatien et Richard comme les père, grand-père et arrière-grand-père possibles de Toussaint. Un peu moins de deux ans après leur mariage, un premier fils voit le jour, Gabriel, né en aout 1643.
Un fils pour Toussaint fut baptisé et nommé Gabriel, par Gabriel Samson, fils de Paul et Suzanne Perrone, femme de Paul Samson, Sr des Aulnes, le 28 d’aout 1643.

Gabriel, le parrain, était le frère de Toussaint, donc l’oncle de Gabriel, le fils. Et Suzanne était la conjointe de Paul, un autre frère de Toussaint, donc la tante de Gabriel le fils. Gabriel, frère de Toussaint et Gabriel, fils de Toussaint… et Paul, père de Toussaint et Paul, frère de Toussaint. Bref, déjà à cette époque, on aimait cela mêler les gens !!!
On n’a retrouvé aucune trace de l’acte de baptême de Jacques ni d’autres frères ou sœurs.
Par recoupement avec différents documents, recensements, actes de mariage, de baptême, de décès, on situe l’année de naissance de Jacques en 1647, donc le cadet de Gabriel par environ quatre ans.
Saint-Gatien
Au début du XVIIe siècle, Saint-Gatien comptait environ 500 habitants[2] et 20 à 30 familles de Samson.[3]
Saint-Gatien est situé en Normandie, à quelques kilomètres de Deauville et du port de Honfleur, d’où partit Champlain plus de 8 fois pour ses expéditions vers l’Acadie et la Nouvelle-France, de 1603 à 1620.[4]
C’était un petit village probablement typique, avec son église, ses gens plus riches et ses paysans. Considérant que Jacques et Gabriel se soient retrouvés engagés sur des fermes en arrivant, peut-on supposer qu’ils venaient d’une famille de paysans ?
Aujourd’hui on y retrouve encore quelques bâtiments que Jacques a probablement connus ou entrevus, comme l’église Notre-Dame-des-Bois, la Rançonnière, le Manoir Villambert.


Église de Saint-Gatien, érigée aux XVe et XVIe siècles ; on aperçoit la voute en lambris qui date du XVIe siècle, une armature en bois décorée de pendentifs très simples.

de Gabriel et Jacques Samson vers la Nouvelle France.
La Rançonnière
On retrace les origines du bâtiment au XIIe siècle. Avec différents propriétaires…

Leur fils Charles de Costard reçut en héritage la Rançonnière vers 1604-1610 et hérita d’autre part du Plain Chêne venu de son oncle Charles Desceliers. Son fils ainé Jean de Costard né vers 1644, époux de Anne de Fresnel habita La Rançonnière puis hérita du manoir du Plain Chêne de son oncle Jean de Costard.
Le Villambert
Situé en lisière de la forêt de Touques, non loin de Deauville, il est composé de deux corps de logis en équerre. Le premier, à l’ouest, pourrait avoir été édifié au milieu du XVIe siècle, et le second, à l’est, quelques décennies plus tard.

Le décès des parents et le départ
1659 à 1662, hivers glaciaux, 1662, été caniculaire, ce qui engendre de grandes famines dans le Bassin parisien.
En 1660 et 1661, une terrible famine ravage une grande partie de la France (mais la Basse-Bretagne, les régions de l’Est, le Languedoc et le Midi sont relativement épargnés) : les catastrophiques récoltes de 1660 et 1661, du fait de pluies continuelles et de températures anormalement basses durant le printemps et l’été 1661, provoquent une flambée des prix des céréales (multipliés par 4), la misère, des émeutes et une grave crise démographique, avec notamment l’effondrement des mariages et des naissances jusqu’en 1663 et une surmortalité causée par la famine, mais aussi par les épidémies (cf. dans leurs registres, les curés qui évoquent la dysenterie et le pourpre, sans doute la rougeole). Dans les villes, les municipalités, les institutions ecclésiastiques et des laïcs tentent d’organiser les secours. La population chute alors de 1 à 1,5 million d’individus.
En 1662-1663, une épidémie de peste touche le royaume, surtout Paris et la Bourgogne.
« Ils meurent de faim ; oui, Messieurs, ils meurent de faim dans vos terres, dans vos châteaux dans les villes, dans les campagnes, à la porte et aux environs de vos hôtels… »
Bossuet apostrophant le roi et la cour, le 5 mars 1662.[5]
Guerres, famines, épidémies et… peste. Les épisodes de peste étaient très fréquents à cette époque, et celle-ci se déplaçait un peu partout en France au gré des mouvements de la population.
1605, 1626, 1649, 1662, 1668…
La grande contagion de 1649-1650 débuta dans la région de Honfleur.

La nuit tombée, sans bruit, les quatre hommes sautèrent à bord du bateau. Là, dans la grand’voile affalée, le mousse gisait. Pour l’éviter ils enjambèrent les barriques à cidre. L’un deux poussa la porte de la « cabane », s’y faufila et osa tâter dans l’ombre, de la main : sur leurs paillasses, deux matelots étaient étendus, maintenant froids.
En un tour de main ils tirèrent à eux la voile, faisant rouler au sol le corps roide du mousse. Fébrilement, comme des chats, ils s’attaquèrent au gréement et cordages. À deux on plia le tout, on ramassa cela en gros paquets pendant que les autres chapardaient dans la cambuse. Puis tous sautèrent au rivage ; chargés, tels des baudets, ils disparurent.
Quand le jour se leva sur le port de Saint-Sauveur, à nouveau des curieux osèrent s’approcher du « cidrier » venu, de Saint Valéry en Caux, prendre ici cargaison. Parmi les pêcheurs maintenant on savait l’équipage mort…
Ainsi débuta la grande contagion de 1649-50.[6]
Sombre XVIIe siècle ; tout aussi sombre que ses devanciers : peste en 1605 dans la région caennaise, peste encore en 1626 qui empêche la rentrée universitaire, peste en Pays d’Auge en 1649-50, peste à travers tout le Royaume en 1668. S’y ajoutent disettes et famines. J’’ai ouvert les registres paroissiaux de Saint-Gatien-des-Bois ; isolé en forêt de Touques ce village ne compte guère que 600 âmes, et pourtant je ne réveillerai pas les hantises anciennes, grand froid, neige et loup qui, directement ne firent que peu mourir : Pierre Boulan et sa femme assassinés au logis en 1648, la petite Guillaume Desceliers « tuée morte dans la forêt » en 1663 ne rencontrèrent pas le loup, mais l’homme. Le curé n’accuse jamais d’autre animal que le cheval tuant, par exemple, un enfant de neuf ans. Souvent, par contre apparaissent la malchance et le désespoir : accident dû à la vieillesse pour cette veuve de 80 ans noyée dans la fonta

C’est à cette époque que Toussaint Samson décède et est enterré à Saint-Gatien. Au registre paroissial, on y lit, selon Charles Samson : « Toussaint Samson fut inhumé dans l’église, la charité présente, le 19 mai 1659 »[8]

Son épouse Catherine Chevalier décédait moins de trois ans plus tard et était inhumée le 5 mars 1662 elle aussi à Saint-Gatien. « Catherine Le Chevalier, veuve de Toussaint Samson, fut inhumée dans l’église, la charité présente, le 5 mars 1662 »[9]

Les deux extraits proviennent du registre paroissial de Saint-Gatien, Source Archives du Calvados [10]
Famine, dysenterie, pourpre, rougeole, peste, les causes possibles de décès ne manquent pas pour lui, âgé de 49 ans, et elle, âgé de 54 ans, et probablement inciter Gabriel et Jacques à chercher une vie meilleure !
Il semble qu’à cette époque, lorsque le mari décédait, la terre ne pouvait revenir à son épouse, et comme Gabriel et Jacques étaient âgés de 16 et 12 ans, ce serait leur oncle qui aurait hérité de celle-ci. Au décès de leur mère, ils n’avaient probablement plus leur place sur celle-ci. Une raison de plus pour partir vers Honfleur.[11]
Marie-Anne Métru ?
On en sait très peu sur les premières années de Marie-Anne. Elle serait née autour de 1656, donc âgée de 4 ou 5 ans lors des grandes famines de Paris. Dans les actes retrouvés, on indique qu’elle serait originaire de la paroisse Sainte-Marine de Paris. Cette église, démolie en 1866, était située tout près de Notre-Dame de Paris, sur l’île de la Cité.

[1] (Samson C. A., Our Samson Ancestors, 2004), page 6
[2] (GUIDECOQ, Novembre 1991, p. 21)
[3] (Samson C. A., Our Samson Ancestors, 2004), page 4
[4] https://www.cfqlmc.org/tourisme-des-lieux-de-memoire-franco-quebecois/france/honfleur-et-champlain
[5] https://www.histoire-genealogie.com/Les-grandes-crises-demographiques
[6] (GUIDECOQ, Novembre 1991)
[7] (GUIDECOQ, Novembre 1991)
[8] france (rootsweb.com) liés à Charles Samson, Roger et Marcel Samson
[9] france (rootsweb.com), liés à Charles Samson, Roger et Marcel Samson
[10] 1638—1732 — – Archives du Calvados, page 64 et 66
[11] Conversation avec Alain Samson, Collège de Lévis, mai 2023.
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