La famille s’agrandit, 1682 – 1690

  1. Le grand feu de 1682
  2. Au tour de Marie-Françoise
  3. Guerre contre les iroquois
  4. Trois autres enfants
  5. Le curé Boucher
  6. Phipps attaque Québec

Le grand feu de 1682

Le 5 aout 1682, au matin, Jacques voit de la fumée qui se dirige vers la pointe de l’ile d’Orléans.  Rapidement, il apprendra que la quasi-totalité de la basse-ville de Québec a été rasée par un incendie. 

Les maisons de ce secteur, environ une soixantaine, sont pour la plupart des constructions de bois à un seul étage avec des toits de planches ou en bardeaux de cèdres, serrées les unes contre les autres, séparées seulement par des murs mitoyens. Dans ces conditions, quand l’incendie éclate en 1682, il se propage rapidement et atteint une rare violence. Malgré les dispositions prises par le gouverneur Frontenac en matière de prévention des incendies, le feu cause des dommages importants, détruisant la plupart des habitations[1]

Les religieuses de l’Hôtel-Dieu de Québec écrivent dans leurs Annales :

Le feu prit a une maison de la basse Ville, et comme elles etoient fort combustibles, nêtant bâtis que de bois, et la saison fort seche, le feu se communiqua si vite qu’en peu de temps toute la ville se trouva reduite en cendre, c’êtoit le 5e d’août, fete de Notre Dame des Neges, a dix heures du soir. Nous nous eveillâmes aux cris effroyables que nous entendîmes dans le voisinage, et nous ne fûmes pas peu allarmees de voir qu’il faisoit aussy clair chez nous qu’en plein midy […] Il n’y eût dans toute la Basse Ville que la maison de monsieur Aubert de la Chenaye qui fut sauvée de cet embrasement.[2]

À noter que le feu a débuté le 4 au soir pour se terminer le 5 en matinée.

Au tour de Marie-Françoise

27 décembre 1682, au tour de Marie Françoise. Parrain Jean Guay fils, troisième voisin et Françoise Chardin, épouse de Nicolas Drossy (Droissy), son voisin lorsqu’il s’est établi sur la terre en 1671.

Guerre contre les iroquois

Suite à de nombreux conflits entre le Gouverneur Frontenac et l’Intendant Duchesneau au sujet de la traite des fourrures, les deux sont rappelés en 1682. La guerre recommence en 1684, par l’attaque du fort Saint-Louis chez les Illinois. Le gouverneur de la Barre entreprend des expéditions punitives. La seigneurie de Lauzon fournit 59 soldats commandés par M. Dumont, capitaine de la côte.

Le Roy envoie d’autres soldats de France à partir de 1685 pour assurer la paix qui sera finalement conclue par une trêve signée à Montréal le 15 juin 1688.

Cela avait créé une grande période d’incertitude, principalement dans la région de Montréal, mais aussi ailleurs en Nouvelle-France.

Trois autres enfants

19 novembre 1685, Geneviève, baptisée le 20. Parrain Jacques DeVerneuil, trésorier des troupes, marraine Geneviève Bissot, fille de François Bissot, conjointe de Louis Maheu, premier chirurgien né au Canada et décédé 2 ans plus tôt, sans avoir eu d’enfant.

Et tant qu’à potiner, Geneviève Bissot, la marraine, a donné naissance deux ans plus tard, en janvier 1687 à Nicolas Demuy, né hors mariage. Le baptême a eu lieu à Lauzon, le parrain a été Gabriel Samson, eh oui et la marraine Jeanne Mignon, l’épouse de Jean Guay. Le père Nicolas Daigneau Demuy était capitaine de compagnie. Il est arrivé en Nouvelle France en 1685 pour participer à l’effort de guerre contre les Iroquois. A-t-il rencontré Geneviève à ce moment-là? Il est cantonné à Montréal… mais peut-être descend-il à Québec de temps en temps! Il se mariait à Boucherville, en mai 1687, avec Marguerite Boucher, 4 mois après la naissance de Nicolas. Marguerite décède en 1698 et Nicolas se marie une autre fois en 1702 à Montréal. Nommé Gouverneur de la Louisiane à la fin de 1707, il décède en mer en janvier 1708 au large de La Havane, en route pour la Louisiane. Ça a dû faire jaser dans les chaumières!

La même année, le 18 avril 1687, naissance de Charles François… dont on perd la trace! Parrain Charles Bisson, marraine Marguerite Rocheron, la fille de Simon Rocheron. On revient vers les voisins du début.

Enfin, on n’est pas trop sûr de la date, mais probablement en 1689, c’est la naissance d’Étienne, celui qui débute notre lignée en Nouvelle-France.  L’acte de baptême semble s’être perdu ou n’a jamais été enregistré. On suivra son histoire au prochain chapitre!

La ville de Québec continue à se peupler, à s’agrandir. Le feu de 1682 est une histoire passée, la place du marché s’est reconstruite, les maisons ont été rebâties en pierre, on commence à bâtir l’église Notre-Dame-des-Victoires, un buste de Louis XIV trône sur la place devenue la place royale.

Et si Jacques et Marie-Anne ont le temps de traverser à Québec, voici ce qu’ils auraient pu voir en allant au marché.

Le curé Boucher

Au début de 1690, le prêtre Philippe Boucher est nommé prêtre de la paroisse de Saint-Joseph de la pointe de Lévy. Il s’occupe d’abord de la construction des bancs de son église afin d’assurer un revenu annuel à la fabrique. Les bancs étaient donnés à un paroissien pour en jouir sa vie durant, moyennant une rente annuelle, établie initialement à 4 livres et 20 sols.

Jacques a droit à un banc du côté l’épitre, le côté droit pour les incultes!

  1. Le premier est une place vide réservée pour placer le banc du seigneur quand il lui plaira de le faire faire
  2. Les 2 filles de M. Charest, Geneviève et Catherine
  3. Jean Poliquain
  4. Le banc des marguilliers
  5. Qui est le premier immédiatement après le banc des marguilliers : Sieur Couture et sa femme
  6. Jean Guay et son fils Ignace
  7. Jacques Samson et sa femme
  8. Jean Carrier et sa femme[3]

Phipps attaque Québec

Quelques mois plus tard, le 16 octobre 1690, Jacques et Marie-Anne, comme probablement tous les gens de la région, voient passer l’armada de l’amiral William Phipps qui vient assiéger Québec. Les colons de Boston en avaient assez des incursions des Français en Nouvelle-Angleterre. Vers 10 heures du matin, les 35 navires de Phipps, avec plus de deux milles hommes à bord, jettent l’ancre devant Québec. Phipps délègue un émissaire pour demander à Frontenac de capituler. On connait la réponse de ce dernier : « Dites-lui que je répondrai par la bouche de mes canons. » Ce qui fut fait dès que l’émissaire a regagné son bateau.

Premier coup de canon, le pavillon de Phipps est abattu, part à la dérive avec la marée et est récupéré par des habitants qui« l’emportèrent à la vue de toute la flotte ennemie »[4]Phipps ayant échoué à faire descendre ses troupes à Beauport, il s’essaie à la côte de Lauzon. Les habitants, positionnés en embuscade, les contraignent à retourner à bord. On ne connait malheureusement pas le nom de ces braves. Cependant, sur une carte de la tentative d’invasion de Phipps, on voit sur la rive de Lauzon la maison de Jacques Samson, près de la cabane des pères. C’était sa première maison, peut-être l’utilise-t-il encore pour la pêche? Peut-être est-il aux premières loges?

Après cinq jours de tentatives infructueuses, Phipps se retire en aval de Québec, et quelques jours plus tard, après un échange de prisonniers et prisonnières (dont la veuve de François Bissot qui s’était remariée avec Jacques de la Lande et qui avaient été tous deux été faits prisonniers dans leurs établissements de pêche sur la côte de Mingan), il repart définitivement.


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[1] http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-616/Place-Royale_%C3%A0_Qu%C3%A9bec,_l%E2%80%99origine_d%E2%80%99une_ville.html#.Ya5FSZHMLq4

[2] https://famillesparentcarnetsgnalogiques.blogspot.com/2011/10/quebec-le-grand-incendie-de-1682.html

[3] (Roy J. , Histoire de la seigneurie de Lauzon, vol. 1, 1897, p. 420)

[4] (Roy J. , Histoire de la seigneurie de Lauzon, vol. 1, 1897, p. 422)